Qu'est-ce que la PIPAC ?
La PIPAC est une technique innovante permettant de délivrer de manière répétée de la chimiothérapie dans l’abdomen sous la forme d’un aérosol, par vaporisation au cours d’une cœlioscopie. L'hôpital Lyon Sud a été le premier hôpital à proposer cette technique en France, sous l’impulsion et la direction du Dr Naoual Bakrin. Le Centre Hospitalier Lyon Sud est un centre de formation national et international pour cette procédure. (Lire : Chimiothérapie par aérosols : une naissance extraordinaire)
Qui peut bénéficier d’une PIPAC ?
La PIPAC est proposée à des malades atteints de carcinose péritonéale non accessible à un traitement curatif (carcinoses colorectale, gastrique, ovarienne principalement et de tout autre origine ou d’une maladie rare comme le pseudomyxome péritonéal ou le mésothéliome péritonéal)
Elle est proposée pour des maladies non accessibles à une chirurgie de cyotréduction complète et CHIP, soit seule, soit plus souvent en association à la chimiothérapie intraveineuse et elle est adminsitrée toutes les 6 semaines.
Elle est destinée à mieux contrôler la maladie du péritoine ou à rendre la maladie péritonéale accessible à une chirurgie.
Efficacité et sécurité de la PIPAC
Des études ont démontré la fiabilité, la sécurité et la bonne tolérance dans certaines situations où la carcinose péritonéale ne peut plus être traitée par chirurgie de cytoréduction.
Des études sont actuellement en cours dans le service de Chirurgie de Lyon Sud et dans le monde pour évaluer son bénéfice sur la survie, la qualité de vie et sur la possibilité de rendre des maladies péritonéales accessibles à une chirurgie.
Déroulement de la PIPAC
Avant l’intervention
Une consultation chirurgicale et d’anesthésie ont lieu avec un médecin spécialisé dans la PIPAC au Centre Hospitalier Lyon-Sud pour évaluer le bénéfice et les risques de l’intervention. Les patients entrent dans le service d’Unité d’accueil du Centre Hospitalier Lyon Sud le jour de la PIPAC.
Pendant l’intervention
La PIPAC a lieu sous anesthésie générale. Le chirurgien réalise une coelioscopie (introduction d’air dans la cavité abdominale (le ventre) pour permettre ensuite le passage d’une petite caméra et d’instruments chirurgicaux par 2 trocarts (tiges cylindriques creuses qui traversent la peau et qui permettent d’introduire la caméra et les instruments chirurgicaux) Il pourra alors visualiser l’extension et la distribution de la maladie du péritoine. Il pourra aussi faire des prélèvements (des biopsies de la tumeur) pour analyse.
Un nébulisateur, connecté à un injecteur haute pression, est alors introduit pour projeter la chimiothérapie sous forme de fines gouttelettes. Le bon déroulement de la procédure est observé en temps réel grâce à un autre trocart qui contient l’optique (la caméra). La chimiothérapie est nébulisée en quelques minutes puis laissée en suspension dans le ventre gonflé pendant trente minutes. Puis l’exsufflation (enlever l’air) précède la fermeture des incisions.
L’action combinée de l’aérosol et de l’hyperpression du pneumopéritoine permet une distribution homogène des agents médicamenteux dans l’abdomen ainsi qu’une pénétration en profondeur au sein des métastases péritonéales. Ce mode d’administration combiné à des doses de chimiothérapie jusqu’à dix fois les doses conventionnelles, ce qui limite les effets indésirables généraux.
Après l'intervention
Après la PIPAC les patients sont transférés pour quelques heures en salle de réveil. Une fois réveillés, ils regagnent le service de chirurgie générale et digestive où ils restent jusqu’au lendemain. Une surveillance infirmière régulière est mise en place le jour de l’opération ainsi que le lendemain notamment pour prévenir tout risque de douleur.
Les patients se lèvent le soir même de l’intervention avec l’aide des infirmières. L’alimentation est reprise. Avant de quitter le service, un rendez-vous pour la prochaine PIPAC est remis à chaque patient. Une ordonnance pour des traitements antalgiques (contre la douleur) est également donnée à tous les malades.
Effets secondaires de la PIPAC
Pendant l'intervention
Le plus gros risque de la cœlioscopie est la création d’une plaie sur le tube digestif. En effet, avant de mettre les trocarts, les chirurgiens sont amenés à faire deux petites incisions sur le ventre des patients. Si une plaie est réalisée, elle sera immédiatement suturée et la PIPAC sera annulée et repoussée à une date ultérieure.
Dans près de 10 % des cas la PIPAC ne peut être pratiquée en raison d’adhérences (accolement entre deux organes abdominaux, séquellaire d’une précédente chirurgie ou due à l’évolution de la maladie) qui seront découvertes lors de la première tentative de PIPAC.
Après l'intervention
La douleur peut être importante le lendemain et le surlendemain de l’intervention. Des traitements adaptés sont donc mis en place par les médecins pour la contrôler.
Même si les cicatrices sont minimes au niveau de la paroi abdominale, elles peuvent s’infecter. Une attention toute particulière leur est donc portée. En cas d’infection des soins infirmiers locaux peuvent être pratiqués et des antibiotiques mis en place pour quelques jours.
Enfin, le transit peut parfois mettre quelques jours à reprendre. Les médecins parlent alors d’iléus post-opératoire. Dans ce cas précis les malades seront remis à jeun en attendant un retour à la normale.